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Exploration urbaine : Escaliers et entrées secrètes du Tokyo vintage

SHUTTER : Une invitation dans mon viseur, entre Sugamo et argentique

L’idée folle de partager ce qu’on ne montre jamais

Il y a quelque chose d’intime dans l’acte de photographier que j’ai toujours eu envie de partager, sans vraiment savoir comment. Cette fraction de seconde où l’œil, l’appareil et le monde s’alignent parfaitement. Ces moments de doute aussi, quand on hésite, quand on attend, quand on espère que la lumière ou le geste parfait va survenir.

Avec SHUTTER, j’ai tenté une expérience un peu folle : vous inviter littéralement derrière mon viseur, dans les rues de Tokyo, avec pour seul compagnon mon fidèle Yashica Electro 35.

L’évolution d’une obsession technique

Mes premiers tâtonnements à Harajuku

Tout a commencé par une frustration et une première expérimentation maladroite. Comment montrer ce qu’un photographe voit vraiment ? Pour ma première tentative, j’avais fixé un petit Canon IXUS sur la griffe flash de mon Yashica Electro 35, comme vous pouvez le voir sur cette photo Instagram.

 

C’était à Harajuku, je shootais en noir et blanc, et j’étais excité par cette idée de documenter ma session. Mais rapidement, les limites sont apparues : l’effet de parallaxe créait un décalage constant et frustrant entre ce que je voyais dans mon viseur et ce que captait la petite caméra perchée au-dessus. Sans compter cette distance qui brisait toute immersion véritable dans le processus de visée.

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Le résultat était intéressant d’un point de vue documentaire, mais il manquait cette intimité, cette connexion directe avec mon regard que je recherchais. Cette première version m’a appris qu’il fallait que je trouve un moyen de filmer littéralement à travers mes yeux, pas à côté.

La révélation du viseur

Pour cette deuxième version, j’ai eu l’idée de placer un iPod de 2015 directement derrière le viseur. Une solution artisanale, un peu bricolée, mais qui change tout. Soudain, vous voyez exactement ce que je vois, sans décalage, sans tricherie. Mes hésitations deviennent les vôtres, mes cadrages se révèlent en temps réel.

Sugamo, mon terrain de jeu contemplatif

J’ai choisi Sugamo pour cette expérience, loin de l’agitation d’Harajuku ou de Shibuya. C’est un quartier qui me touche par sa simplicité, ses petites rues où le temps semble suspendu. Ici, pas de performance, juste la vie qui passe et qu’on essaie de saisir avec tendresse.

Avec mon Yashica, ce merveilleux télémétrique, système autrefois « démocratisé » par la qualité Leica, je me sens dans la continuité des photographes de rue qui m’ont inspiré. Chaque image coûte, au sens propre. Chaque déclenchement sur pellicule 35mm demande réflexion.

Cette musique du quotidien

Ce qui m’a le plus surpris en revisionnant mes rushes, c’est la dimension sonore. Le « clac » métallique de l’obturateur rythme la balade comme une partition minimale. Entre les déclenchements, il y a ces silences où j’observe, où j’attends. Ces bruits de Tokyo qui guident inconsciemment mes cadrages.

J’ai voulu garder cette bande son brute, sans artifice. Elle raconte peut-être mieux que toute explication technique cette relation particulière entre le photographe, son outil et la rue.

Un partage vulnérable

Montrer son processus créatif, c’est accepter d’être vulnérable. Vous voyez mes erreurs de cadrage, mes hésitations, ces moments où je cherche ma photo sans la trouver. Mais c’est aussi cela, la street photography : beaucoup d’errance pour quelques instants de grâce.

En regardant SHUTTER, vous découvrirez peut-être que photographier dans la rue, c’est moins spectaculaire qu’on ne l’imagine. C’est fait de patience, d’observation silencieuse, de respect pour ceux qu’on croise. C’est un art discret, presque méditatif.

Ce que j’espère transmettre

En réalisant cette vidéo, j’avais envie de démystifier mon approche sans la dénaturer. Montrer que derrière chaque image argentique, il y a un temps long, une attention particulière au monde qui nous entoure.

Si vous photographiez, j’espère que SHUTTER vous donnera envie de ralentir, d’écouter davantage avant de déclencher. Si vous ne photographiez pas, peut-être découvrirez-vous Tokyo sous un angle inédit, à travers le regard d’un flâneur armé d’un appareil vieux de cinquante ans.

Une expérience imparfaite et sincère

SHUTTER n’est qu’une tentative, imparfaite comme le sont souvent les expérimentations sincères. Mais j’aime croire qu’elle capture quelque chose d’authentique : cette relation intime entre un photographe et sa pratique, entre un regard et une ville, entre la tradition de l’argentique et notre époque numérique.

C’est ma façon de vous dire : « Venez donc voir par mes yeux, le temps d’une balade dans Sugamo. On ne sait jamais, vous pourriez aimer ce que vous y découvrez. »


 

Stephane

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